mardi 3 juin 2014

Pourquoi et comment utiliser de la terre crue ?

La terre est partout abondante, très largement utilisée dans la construction dans le monde entier. Notre patrimoine bâti d'avant guerre est fait de terre, de bois et de pierres. Les autres matériaux y sont anecdotiques ou ont été ajoutés ensuite, par forcément judicieusement d'ailleurs.

En Normandie, la terre est très visible dans le torchis du pays d'Auge ou la bauge du Cotentin, mais même dans les maisons pierre, elle sert à hourder les murs (c'est à dire pour faire tenir les pierres entres elles) : c'était le ciment des anciens et si leur maisons sont encore saines et debout, c'est que ça doit pas être si mal !

Même avant d'être obligé de déplacer les 8 ou 10 tonnes de terre compactée dans le plancher du 1er étage, utiliser de la terre crue était une évidence, pour nous c'est une démarche :
  • écologique, la terre est propre et n'émet aucune substance nocive, 
  • économique, c'est super pas cher, elle est déjà là ou alors il nous suffira de creuser, 
  • éthique, par respect pour notre bâtiment, 
  • pragmatique, techniquement c'est facile et accessible à l'amateur, même les enfants peuvent jouer. 
Une belle réserve de terre et des gaillards fatigués

Nous allons utiliser de la terre crue sous deux formes principalement :
  • En enduits terre/sable/paille hachée appliqués directement sur les murs pour les redresser (y sont pas droits),
  • En mélange terre/paille banché dans une ossature bois.

Pour que ça tienne, il faut un savant mélange de liant (=l'argile de la terre) et de charge (=du sable ou des fibres végétales). Si le but est d'ajouter de l'inertie au volume chauffé, on charge avec plus de sable que de fibre. Ce sera le cas pour l'habillage de l'insert par exemple. Inversement, si le but est d'ajouter de l'isolation, on charge plus en paille. C'est pourquoi nous allons isoler l'ensemble des murs de l'arrière cuisine (volume tampon non chauffé) avec un terre/paille banché de 10 cm d'épaisseur. En plus, c'est pas cher, facile à faire et ça m'amuse.
Attention quand même aux caractéristiques d'isolation du terre/paille. Pour atteindre des résistances thermiques compatibles avec la Basse Consommation recherchée ici, faudrait au moins 30 ou 35 cm d'épaisseur. C'est pourquoi les murs séparant le volume chauffé de l'extérieur seront isolés avec 16.5 cm de laine de chanvre.

La terre est un matériau aux caractéristiques très variables selon le lieu d'extraction. Il est impératif de tester son mélange pour trouver le bon équilibre terre argileuse / charges (sable ou fibres). J'ai donc préparé des échantillons d'enduit-tests le 25 mai en notant scrupuleusement les proportions de terre, de sable et de paille hachée. J'ai patienté après séchage le 31 mai pour observer et reprendre des photos

Les échantillons frais sur un mur de l'arrière cuisine
1 volume de terre / 4 volumes de sable
Sec, ce mélange 1 vol terre / 3 vol. sable semble bien costaud, sans fissure ni farinage.
Sec aussi, 1 vol. terre / 1 vol sable / 3 volume paille, tient bien aussi celui là !
A priori ma terre ne fissure pas dès 1 vol. terre / 2 vol. charge et supporte facilement jusqu'à 4 vol. charge sans fariner. J'ai de la souplesse dans la préparation de mes enduits.

Pour le terre/paille à bancher, l'approche est un peu différente. Il s'agit de faire tourner la terre dans la bétonneuse avec de l'eau pour obtenir une barbotine de la consistance d'un yaourt liquide. On trempe alors rapidement de la paille entière que l'on met presque aussitôt à ressuyer au moins 12h. Ensuite ce mélange est tassé à la main dans un coffrage. Démoulage 48 à 72h plus tard.
Après trempage dans la barbotine.
Tout juste décoffrée, le séchage complet sera long.
Test concluant aussi.

J'en profite pour remercier Lubin, qui m'a prêté sa bétonneuse, maintenant tu sais à quoi elle va servir !

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